Ces jardins qui grimpent aux murs…

murs végétaux

Les murs végétaux sont des écosystèmes qui, selon leur orientation et leur composition, servent d’écran à la pollution, aux intempéries, au bruit, à l’ensoleillement… En ville, ils se muent en véritables corridors verts qui assainissent et embellissent le tissu urbain. Coup de projecteur sur cette tendance… qui monte !

C’est beau, c’est vert, et cela s’inscrit dans l’air du temps ! Le jardin vertical, c’est tout un concept, qui ne cesse de gagner du terrain. Il faut dire que cette création est véritablement révolutionnaire. Elle permet en effet de transformer et de verdir la moindre petite surface… L’astuce ? Les plantes sont placées à la verticale contre un mur, et non plus horizontalement comme dans un jardin. Il suffisait d’y penser !

Les jardins verticaux assiègent également l’intérieur de nos habitats où, sous des allures écolos et avant-gardistes, ils purifient l’air et réjouissent la vue. En ville, où leur développement est intense, ils pallient au besoin impérieux d’espaces verts en colonisant les façades des maisons et, de plus en plus souvent, celles des entreprises.

Un secteur d’avenir

Ces dernières années, les sociétés spécialisées en jardins verticaux ont connu une forte progression de leurs ventes. « Chez nous, les murs végétaux sont passés de 0% de notre activité à 80%, et ce phénomène vient d’un peu partout, du Moyen-Orient à l’Amérique du Nord en passant par l’Europe », témoigne un professionnel. Et un concurrent d’enchaîner : « La croissance de notre entreprise dans la dernière année a été phénoménale. Elle a en effet presque doublé ».

Il faut dire que les jardins verticaux présentent de nombreux attraits comme l’esthétique, l’écologie, et même l’accroissement de la productivité en entreprise, grâce à un plus grand sentiment de bien-être.

Deux types de murs végétaux

  • Les systèmes grimpants : traditionnels, ceux-ci sont conçus à partir de végétaux grimpants que l’on plante dans le sol et qu’on laisse se développer contre un mur, un treillis métallique ou un grillage.
  • Les systèmes suspendus : la seconde solution, imaginée par Patrick Blanc, consiste à placer directement les plantes dans le mur. Concrètement, il s’agit de tapisser la façade de divers support en vinyle, en feutre ou en toile. Les plantes sont ensuite installées à différentes hauteurs, tandis qu’un circuit de plomberie assure l’arrivée et l’évacuation de l’eau. Notons qu’il existe des systèmes en kit permettant de monter soi-même un mur végétal de taille réduite.

Comment ça marche ?

« Le concept est simple, explique un professionnel. A la place de la terre, se trouve une toile où vont se développer les racines. Un système d’irrigation assure 3 à 5 fois par jour l’apport en eau et en substances nutritives, afin de garantir une belle croissance aux plantes ».

La façade verte se compose également de différentes couches. « Nous plaçons d’abord un cadre métallique en guise de structure portante. Puis, nous installons des panneaux en mousse dure constitués de matériaux recyclés. Ils vont servir de paroi plane et hydrophobe. Viennent alors le système d’irrigation et deux couches de géotextile tendu sur toute la surface de la paroi, qui vont permettre le développement des plantes ».

Notons également que si le mur ou la façade est en mauvais état et présente des fissures ou des trous, il est déconseillé de le transformer en mur végétal. Certaines variétés de plantes risquent en effet de pénétrer par ces cavités.

Dedans ou dehors ?

Un mur végétal peut être placé tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Mais si vous l’installez dans votre logis, la lumière devra être amenée en quantité et qualité suffisantes. Elle sera si possible orientée du haut vers le bas, afin d’assurer une bonne croissance aux végétaux. A ce titre, une véranda ou une verrière constituent des lieux tout indiqués, sans perdre de vue d’éventuels problèmes de surchauffe ou de condensation.

« En mur intérieur, nous utilisons surtout des plantes tropicales ou subtropicales, note un spécialiste. Pour une façade verte extérieure, en revanche, nous ne recourrons qu’à des espèces qui résistent au gel. Dans les deux cas, une sélection judicieuse des végétaux permettra de créer un mur beau toute l’année ». Ajoutons que l’installation d’une gouttière d’évacuation d’eau est nécessaire au bon fonctionnement d’un mur végétal intérieur, et dans certains cas, extérieur.

Les avantages d’un jardin vertical

  • Esthétique : cette touche verte est indéniablement agréable à la vue. Elle permet en outre de dissimuler un mur disgracieux. En exploitant totalement l’espace dans un petit jardin ou dans  une cour, elle accentue aussi le côté verdoyant du lieu.
  • Anti-polluant : les murs végétaux contribuent à filtrer les particules fines. Ils abaissent le taux de CO2 et de COV (Composés Organiques Volatils) en les captant par les feuilles. Les gaz dégagés par le trafic (à l’extérieur), les colles, solvants et matières synthétiques (à l’intérieur) sont ainsi fortement réduits.
  • Isolant : l’isolation phonique et thermique d’un mur végétal est performante puisqu’une couche d’air est présente entre le cadre métallique et le mur du bâti. Les murs végétaux protègent aussi bien du froid que du bruit.
  • Evolutif : le jardin vertical offre la possibilité de voir évoluer les pousses, les floraisons, ou encore de rajouter à sa guise des espèces, que ce soit à l’extérieur, dans un salon, ou encore dans une salle de bain…
  • Apaisant : le jardin vertical extérieur permet d’entendre le bruit du vent dans les feuilles, le chant des oiseaux, et de voir virevolter les papillons.
  • Durable : les murs végétaux augmentent la durée de vie des façades et leur résistance au feu. Ils réduisent également la quantité d’eau de ruissellement.
  • Economiques : ils diminuent la facture d’énergie grâce à leurs qualités isolantes.

Les inconvénients du jardin vertical

  • L’entretien : il y a lieu de tailler régulièrement les plantes, de gérer la chute des feuilles, de nettoyer les gouttières…
  • Le prix : les jardins verticaux sont onéreux, jusqu’à  4.000 à 5.000 € par m2 si vous optez pour des systèmes d’irrigation contrôlés par ordinateur (les systèmes simples commencent à 500€ par m2)
  • L’humidité : il y a lieu de vérifier que les plantes n’humidifient pas trop les murs.
  • La lumière : il faut maîtriser les plantes afin qu’elles n’entravent pas la luminosité en se développant devant les fenêtres, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur.
  • Les performances : au niveau de l’isolation, un mur végétal est moins optimum qu’un jardin de toit. Son installation est également plus onéreuse.
  • Les nuisibles : comme tout jardin, le mur végétal n’échappe pas aux attaques des indésirables, comme par exemple l’otiorhynque, un petit coléoptère d’environ 1 cm. Celui-ci grignote le feuillage en commençant par le pourtour, et se dirige ensuite vers le centre. Quant aux larves d’otiorhynques, elles causent des dégâts encore plus importants. En effet, elles se nourrissent du système racinaire et du collet de la plante. Les invasions provoquent un jaunissement et un flétrissement des feuilles, comme si elles étaient déshydratées. Si le problème n’est pas traité rapidement, les plantes pourront tomber au pied du mur. La prudence s’impose, donc !

Quelles plantes choisir ?

La règle la plus importante est de choisir des espèces adaptées à leur milieu. Les éléments à prendre en considération sont l’orientation, l’exposition aux intempéries et au vent, le fait qu’il s’agisse d’une paroi intérieure ou extérieure,…

D’une façon générale, les plus petits sujets seront placés en hauteur et les plus grands dans le bas du mur. Pour un résultat esthétique, une astuce simple consiste à positionner des fleurs de couleur au milieu d’une étendue verte. Le rendu final évoquera une mosaïque végétale à l’aspect changeant et verdoyant.

Parmi les bonnes pioches, citons, en plantes vivaces, celles qui attirent les papillons comme le géranium (variétés Brookside et Roxanne), le sedum ou l’orpin, la bergamote, la verveine et l’onagre de grande taille (Oenonthera). En plantes grimpantes, épinglons le lierre ou le jasmin étoilé (Trachelospermum), qui conservent leur couleur verte toute l’année. Parmi les plantes potagères, citons la menthe, la sauge, la ciboulette, le thym, etc. Les plantes ornementales indiquées sont quant à elles la Stipa tenuissima ou la forme naine du Pennisetum alopecuroides (Little Bunny), qui bougent au gré du vent. Et pour mettre un peu de couleur sur vos murs, ajoutons l’Artemisia absinthium (argentée) ou les feuilles et fruits noirs de la petite plante vivace Ophiopogon planiscapus « Niger ». Pour profiter de l’éclosion printanière précoce, les plantes à bulbes comme l’ail d’ornement (Allium), par exemple, sont conseillées. La rose de Noël (Hellébore), enfin, fleurira en hiver.

L’entretien d’un mur végétal sera plus intensif au cours des 18 premiers mois. A ce moment, il faudra en effet apporter certaines corrections, et plusieurs plantes pourront tomber. Dès qu’elles auront atteint leur taille adulte, le travail consistera à enlever les branches et feuilles mortes et à tailler les sujets deux à trois fois par an.

Virginie Stassen